Jud' on the road

En août 2009, je suis partie toute seule sur les routes de France au guidon de ma Diablotine, une jolie VFR800 toute rouge !

Ayant la possibilité d’avoir du temps au mois d’août, je me décide à réaliser un rêve d’enfance : faire le tour de France en moto !
Je me prépare donc un ptit road-book m’amenant de chez moi à l’ile d’Oléron, en passant par les Alpes et la Côte d’Azur !
Je me lance donc dans le traçage de route sur nos jolies cartes de France… je trouve l’exercice assez marrant… rechercher les routes qui tournent, les virages qui s’enchainent, éviter les grosses agglomérations, pointer les stations essences de secours… une vraie ptite maniaque au boulot, sous l’œil de mon cher et tendre qui n’avait qu’un mot à la bouche : « eh bé ! »
Je commence par trouver mes points de chute :
En premier Annecy-Meythet, facile, je dors chez ma tante.
A Nice, je prends mes aises chez la Kilou family (des amis).
Je fais un arrêt à Cransac, dans un logis de France (pas extra).
Et dernier point de chute, chez ma marraine d’Oléron.
Je prévois, en fonction de tout le monde, un départ pour le samedi 8 août et un retour pour … pour quand j’en aurais marre !!!

Samedi 8 août > Les Molières – Annecy/Meythet
Départ 9h00 / Arrivée 18h00 – 557 km parcourus



A peine partie de chez moi, je prends directement l’autoroute A6 pour rejoindre Beaune.
Cela me laissera plus de temps pour profiter de la partie « montagne ».

La galère du jour :
Première galère qui se profile à l’horizon, mon pneu arrière se dégonfle suite à une crevaison datant de plusieurs mois. Crevaison lente, mais crevaison quand même, ce qui m’oblige à changer de pneu arrière dès mon arrivée à Annecy.
Après deux arrêts pause pipi, j’arrive à 12h00 à Beaune.
Au péage, je demande s’il y a un mac-truc ou son voisin dans le coin, histoire de combler mon estomac qui commence à crier famine.
La jeune femme du péage me répond gentiment : « ici, on ne connait pas ce genre de restauration, les grandes chaines ne sont pas le bienvenu, bon courage et bonne route » … ouais, super, merci !
Je me décide donc à entreprendre mon périple avec un estomac qui gargouille de plus en plus. Je prends mes écouteurs, mets la musique à fond, et je roule, je trouverai bien quelque chose sur la route.
Premier « gros village », à Verdun sur le Doubs, je m’arrête pour prendre un sandwich dans une brasserie très simple. Le gérant me dit qu’il ne fait plus de « repas » – pourtant c’est écrit en gros sur sa vitrine – sandwich & plat chaud – et il n’est que 12h45 – mais vous pouvez aller Chez Jean-Claude, lui, il a toujours quelque chose !!
Après une petite explication pour trouver Jean-Claude, je tombe sur un charmant petit resto qui fait de tout.
Ayant plus que faim, je me fais plaisir, et décide de gouter du local… une reblochonnette... un vrai régal !!!


Je suis fin prête pour attaquer la montagne, j’enfourche la belle et commence à rouler.
La musique à fond, j’attends avec impatience les premiers virages qui mettent un temps fou à venir.
Eh oui, avant de prendre du plaisir, il faut se farcir des lignes droites à pertes de vue !!!
Le décor est magnifique : très vert, un peu montagneux mais pas trop… jusqu’à Orgelet, où les montagnes se dessinent de plus en plus :



Faisant un arrêt photo au viaduc de Villards d’Héria, je vois au loin de jolis sides qui font leur petit tour aussi.


Les virages se font très présents et les têtes d’épingles aussi…. Et là, la question du moment : je fais comment pour prendre les virages en tête d’épingle sans finir sur la voie d’en face ??!!!
N’ayant pas encore ma réponse (merci Kilou de me l’avoir donné), je prends tout mon temps pour monter et descendre (oui, j’ai eu les deux) ces fameuses têtes d’épingles, mon pneu arrière tient le coup, mais des ptites glissades de temps en temps me font ralentir la cadence.
Je décide de faire une pause pour me ressourcer un peu. Il fait très chaud, et je commence à fatiguer un peu.

J’en profite pour donner des nouvelles à mon chéri :
Didaz : « alors t’es où ? »
Moi : « je fais une pause à Saint-Claude »
Didaz : « Ahhhh, la capital des pipes »
Moi : « Quoi ????? »
Didaz : « demande au monsieur à côté de toi si les pipes sont bonnes à Saint-Claude ? »
Moi : « non, mais ça va pas !!! j’vais pas demander ça, t’es pas bien !!! »
J’en profite pour appeler SOS Kilou pour lui demander ce que je mets comme pneu arrière, sachant que le mécano qui ouvre le lundi après-midi sur Annecy, n’a pas de pilot road 2 et qu’il me propose un Dunlop Road Smart à la place.
Bon, c’est pas tout, mais j’ai encore de la route à faire. J’attaque enfin les montages, avec des vues magnifiques, des virages à couper le souffle, mais aucune possibilité de s’arrêter pour prendre des photos sans se mettre en danger.
Je garde donc les meilleurs « clichés » bien encrés dans mes souvenirs !!!



Le temps est de la partie, chance folle vu les orages que météo France avait annoncé.
Les petits villages s’enchaînent sous les roues de Diablotine, quant au loin, le ciel devient sombre, mais très sombre, tellement sombre, que je m’arrête pour vérifier mon itinéraire et prier pour ne pas aller vers ses gros nuages. Glouppss… je file droit dessus !!!
Bon, c’est pas grave, j’ai une moto qui est bien chargée, un pneu qui se dégonfle, le trouillomètre à zéro quand les virages sont trop sérés, et là, je risque de prendre un sévère orage sur la tête…. Mais à part ça, tout va bien

J’avais juste oublié une chose : les orages en montagne sont légèrement différents des orages en plaines… et ces gros nuages sont restés à leur place, accrochés au sommet, en ne donnant que quelques goûtes sur la route.
Les routes sèchent à grande vitesse vu la chaleur qui se dégage. Faut juste faire un peu attention.

Je termine donc mon premier périple par de bonnes descentes de montagne avec les virages bien adéquates et de bonnes routes droites en arrivant en plaine !!

Je profite de deux jours de repos passés en famille avant de reprendre la route pour voir la Kilou Family.


Mardi 11 août > Annecy/Meythet – Nice
Départ 9h30 / Arrivée 19h00 – 489 km parcourus

Le road-book de la journée à été proposé par Kilou (surtout pour la partie Grenoble-Nice) et affiné par mon oncle pour la première partie (vu qu’il est du coin).

Je pars donc de bon matin avec un pneu neuf arrière et des plaquettes de freins neuves … tant qu’à faire … j’suis plus à un euro près !!

A peine sortie d’Annecy que je prends la D41 – Route du Semnoz pour arriver au Col de Leshaux … du pur bonheur !!!




J’enchaine sur la D911 jusqu’à l’autoroute… la dernière portion avant l’autoroute est excellente !!!

La frayeur du jour :
Un chien qui traverse un virage en pleine descente… heureusement que c’était un virage en tête d’épingle à droite et que j’allais doucement… j’ai eu quand même une sacrée trouille sur le moment !!!

Je continue quand même mon périple, en me disant que ce qui m’est arrivée est tellement rare, que ça ne peut pas se reproduire !!! La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit … non ??

Après un petit passage par « la tête dans la bulle », j’arrive à Grenoble où les routes sont … bof bof … je joue avec l’autoroute à « passe moi au-dessus que je te passe en-dessous » jusqu’à hauteur de Saint-Martin de Clelles où là, les routes sont … trop de la balle qui tue… à donf !!! ça tourne à droite, puis à gauche, serré, pas serré, ça monte, ça descend…. Du pur bonheur en barre !!!



Après plusieurs petites pauses pour « refroidir » Diablotine (à un moment impossible de faire descendre la température en dessous de 101°), et me rafraichir aussi, je roule tranquillou jusqu’à Sisteron et là deux possibilités s’offrent à moi : soit je bifurque pour choper l’autoroute et arrivée assez tôt pour piquer une tête dans la piscine… soit je continue à transpirer sous mon cuir, à avoir mal partout, à maudire ce soleil de plomb et continuer par la route de Napoléon en bifurquant sur à gauche arrivée à Grasse, pour passer par Le Bar-sur-Loup (D6), La Colle-sur-Loup, puis Cagnes et Nice…. J’ai choisi la deuxième option et je me suis régalée… cette portion était stupéfiante !!! 


Arrivée enfin à Nice…. Je me perds, bon, faut pas le dire hein, mais j’ai fait un « léger » détour à la con qui m’a emmené dans des endroits insoupçonnés de Nice… pour finir, j’ai du appeler Kilou à la rescousse pour qu’il me remette sur le droit chemin… merci encore !

J’arrive donc (avec une heure se retard sur mon timing perso) à l’heure de l’apéro !

La soirée se passe super bien… Kilou aux fourneaux pendant que je papote un verre à la main avec Cat’.
Raaahhh c’te bonheur de se faire servir !!!!

La ptite phrase qui fait plaisir : « Jud’, ton pneu arrière est propre. Bravo, c’est du beau travail ».
Yesssssss …. C’est la première fois que je « nettoie » un pneu !!!!

Le lendemain, vu qu’il faisait chaud, la Kilou family me propose d’aller à la mer !!
Naïvement je dis « oui, qu’elle bonne idée » !
V’là ti pas, que ces sudistes me proposent en guise de « plage » des cailloux, et en guise de « mer », un endroit où les méduses ont élu domicile… c’est cool chez vous… mais sans façon pour la prochaine fois, hein !

Heureusement, qu’un homme a inventé la piscine…. C’te bonheur !!!


Jeudi 13 août > Nice – Cransac
Départ à 8h45 / Arrivée 17h35 – 550 km parcourus

Je décide de partir tôt pour profiter de la fraicheur et j’ai eu raison vu que les températures avaient décidé de passer au-dessus des 35° à l’ombre pour cette journée !

J’enquille directe sur l’autoroute pour échapper aux touristes de masse et arrive à 12h00 à Nîmes.


Je passe par le sud du Parc National des Cévennes. Je change de décors… cela fait bizarre.
Je ne suis plus en haute montagne, ni en plaine, mais un mix entre les deux.
Les paysages sont vraiment magnifiques.

Je commence à ressentir le poids de la solitude.
J’adore rouler seule, car je fais ce que je veux. Je m’arrête où je veux, sur un coup de tête, pour prendre une photo, pour regarder un paysage… je n’attends personne et personne ne m’attend vraiment – surtout pour cette étape, vu que j’ai dormi dans un logis de France.
Mais rouler seule veut dire aussi, ne rien pouvoir partager sur le moment… et ça, c’est pas marrant !!!

Mais bon, j’en profite pleinement et dans un sens, je ressens une ptite fierté quand même… je roule seule, je me débrouille seule, je porte mes affaires, je fais mon itinéraire, je roule à mon allure, je me fais peur toute seule !!!!


Je décide de prendre un ptit bout d’autoroute pour voir, connaitre, se dire « moi aussi j’l’ai vu en vrai », je parle de cette œuvre d’art française : le viaduc de Millau !

La frayeur du jour :
Arrivant sur l’autoroute, je me cale tranquillement dans ma bulle, aiguille sur le 160, et j’enfile les bornes.
Pas la peine d’aller plus vite, j’ai besoin de mon permis pour terminer mon périple.
Et là, au loin, juste avant le viaduc, je vois débouler, giro allumé et sirène hurlante, une horrible voiture bleue de la gendarmerie.
Première pensée : oh merde, c’est trop con de se faire choper pour un dépassement si « faible » de la vitesse.
Deuxième pensée : bon, on va faire comme si on avait rien vu, on dira que c’est la faute à la descente, que le moteur s’est emballé.
Troisième pensée : euh... si c’était pour moi, ils m’auraient pourchassé et non devancé ??!!!
L’aiguille se calle sur le 130, on revient dans la voie du milieu et on respire… car la voiture trace pour tenter de rattraper une camionnette qui avait du confondre les pédales.
Ouf !

Je continue donc sur ma lancée pour arrivée le plus tôt possible pour profiter de la piscine de l’hôtel.
Les routes sont « simples » de grands virages, de longues courbes, quelques lignes droites… et là, le petit passage secret pour arriver à Cransac : une route de campagne, la D11, une petite merveille !!
Aucune voiture, aucun tracteur, personne à part moi… et cette vue magnifique au détour d’un virage, car oui, la route est parsemée de virages… c’te pied !!!


Cette journée très chaude se termine par un bon plongeon dans la piscine de l’hôtel.

Pour info, l’hôtel est un hôtel de vieux… mais tellement vieux que j’avais l’impression d’avoir 10 ans !!
Gros coup de cafard au début, puis, en regardant et écoutant ces mamies et papys, j’ai bien rigolé.
Car oui, la mamie est une vraie mamie… c’est-à-dire que je raconte ma vie, du moins ce que j’ai fait dans la journée, à la copine qui est assise trois tables plus loin.
Tout le monde profite de la conversation et répète s’il le faut, quand l’une des deux n’a pas bien entendu.
Elles ont la pèche les grands-mères et elles m’ont bien fait rire !
Par contre, la taulière… quand t’es pas une « habituée », elle te le fait bien sentir !!

Les deux choses vraiment sympa de ce Logis de France : la piscine et le repas… j’me suis fait un ptit plaisir de foie gras en entrée, suivi d’un joue de loup de mer sauce champagne, accompagné d’un verre de vin rouge !

Vendredi 14 août > Cransac – Ile d’Oléron
Départ à 9h00 / Arrivée 18h00 – 429 km parcourus

Le départ fut donné sous un soleil de plomb… la journée allait être « chaude » !

A peine partie de Cransac que je décide sur un coup de tête de changer mon itinéraire !
Au lieu de continuer sur la D840 menant à Figeac, je décide de prendre les routes de campagnes et de me faire plaisir !


Les routes traversent des villages tous aussi mignons les uns que les autres.
Le seul « hic » en approchant les « grandes » villes, c’est que le trafic devient plus important… et la moto chauffe très très vite !!

Heureusement que des petits villages persistent devant les envahisseurs… et c’est très agréable de voir ça

Je continue mes bifurcations en étant plus ou moins loin de l’itinéraire de départ, et tant pis pour mon horaire d’arrivée… de toute façon, connaissant la dernière partie qui « le plat pays d’Oléron », je préfère perdre du temps ici à me faire plaisir sur des petites routes viroleuses !





La dernière partie fut un peu morne, plus de virage, plus de « joli » paysage… du plat pays et du monde !!!
Les flics, les caravanes, les voitures saturées de valises… tout le monde s’est donné le mot pour arriver en même temps sur l’île !!
C’est bien la première fois que je me retrouve à faire de l’interfile sur le pont d’Oléron… et de laisser le passage aux flics-motards qui arrivaient en face !!!


Lundi 24 août > Ile d’Oléron – Les Molières 
Départ à 9h15 / Arrivée 19h10 – 570 km parcourus

Après une bonne semaine de repos, de plage, de bronzage, de mangeage de crustacés en tout genre… je me décide à rentrer dans mon petit chez moi.

Le départ de l’Ile se fait sans encombre… un lundi matin vous pensez bien !

Je retrouve tout de suite le « plat pays » que j’avais quitté… 


Je croise les doigts pour tomber sur des routes un peu plus « sympas » pour le reste du parcours… ça sera la surprise.

Le temps est très clément (contrairement à ce qu’ils ont annoncé), le soleil joue à cache-cache avec les nuages et me permettent de découvrir de jolis paysages.

Mais surtout des villages médiévaux, qui donnent envie de s’arrêter même si on n’est pas spécialement fan :

Le « plat pays » à quelques petits dénivelés… mais pas plus hein, faut pas abuser… Les routes se suivent et se ressemblent, mais cela n’empêche pas d’avoir de jolies vues sur nos campagnes et sur nos châteaux (le Château de Montpoupon) !

La route continue, quant au loin je vois se dessiner une sorte de porte d’entrée d’un domaine. Première pensée : « merdoum, je me suis trompée de chemin, je suis sur des terres privées ».
Voyant les voitures entrer et sortir allégrement, je fais de même… et me retrouve à traverser le parc de Chambord, pour tomber sur son Château !
Le détour en valait vraiment la peine (ah oui, j’ai encore changé mon itinéraire !!!)


La frayeur du jour :
Après avoir quitté le domaine, je continue ma route tranquillement, car au loin, les nuages deviennent de plus en plus menaçants.

De Jargeau (à côté d’Orléans) jusqu’à Dourdan, j’ai traversé un orage très impressionnant !!!
Quand tu roules, que la pluie tombe tellement fort que tu as l’impression que c’est de la grêle, que cela ne sert à rien d’essuyer ta visière, car l’eau continue d’affluer, que tes gants sont tellement trempés, qu’ils dégorgent à chaque mouvement, que le k-way que tu as enfilé en urgence, ne permet pas de stopper l’eau qui s’infiltre partout, que la visibilité est quasi nulle, que tout le monde ne dépasse pas le 40 à l’heure, et qu’au loin, tu vois la foudre tomber plusieurs fois de suite… là, tu commences à flipper !!!

Bien sur, à ce moment là, je me trouvais en rase campagne, avec rien autour de moi, pas d’abris, pas d’arbre, pas de village… une longue ligne droite sous une pluie torrentielle !

J’arrive quand même à trouver mon chemin et à « devancer » cet orage en arrivant tant bien que mal chez moi… trempée, frigorifiée, mais heureuse !


Et voilà… c’est mon premier périple seule… 2 607 km parcourus… des souvenirs pleins les yeux… des moments inoubliables… une envie de repartir incontestable, de recommencer, de rouler encore et encore...


Merci à mon chéri de m’avoir laissé partir, de m’avoir influé cette confiance, et de m’avoir répété encore et encore : « profite, profite, profite !

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